A l’instar de notre précédent voyage, un petit bouquet de fleurs et un gentil message d’accueil nous attendaient sur la table de la terrasse. La première nuit a été un peu fraîche, très bon augure qui laissait à penser que nous allions au moins pouvoir nous reposer la nuit.
Illusion : dès le lendemain, une vague de canicule s’est abattue sur le pays et a perduré tout au long de la première semaine. Les températures sont montées jusqu’à 45° à l’ombre avec une moyenne diurne de 42°. Elles sont ensuite devenues raisonnables avec une constante de 36°.
Pour compléter le tableau, l’Harmattan était aussi de la partie. L’Harmattan est un vent très sec, très chaud, sableux et poussiéreux en provenance du Sahara, qui trouble l’horizon. Il souffle en rafales dont certaines se transforment en brusques tourbillons qui emportent tout et vous laisse suffoquant, la gorge pleine de sable, les yeux irrités et … les nerfs à vif. Nous avons respiré, bu et mangé du sable tout au long du séjour.
Et pour pimenter un peu l’affaire, il n’y a encore pas eu d’eau pendant plusieurs jours et nous avons dû aller remplir nos bidons au puits du quartier.
Enfin, pour être sûr que tous les ingrédients étaient réunis, à notre arrivée nous avons découvert une importante fissure dans le mur de la cuisine mais également l’un des murs de la salle de bains encore une fois complètement gangréné par le salpêtre. Cet état de fait récurrent est dû à la réserve d’eau percée d’un voisin indélicat qui tente de nous gâcher la vie depuis des années par tous les moyens à sa disposition et qui ne fait volontairement pas le minimum de réparations nécessaires sur sa cuve. Donc, tous les 18 mois, nous devons faire gratter la salle de bains et la repeindre. Nous avons ainsi vécu pendant 3 jours dans les travaux, les deux pièces ayant été déménagées sur la terrasse, matériel et vaisselle exposés aux caprices de l’Harmattan, tout en démarrant nos activités sur les chapeaux de roue car le programme était chargé.
Dès notre arrivée, nous avons directement commencé à livrer du riz dans les familles. Notre séjour étant plus court qu’à l’accoutumée, nous n’avions pas le temps matériel d’initier et de tenter un nouveau concept afin que les intéressés viennent récupérer le riz chez nous.
Chemin faisant, nous avons offert un sac de riz à une veuve qui élève seule ses 6 enfants au milieu de la brousse sans aucune source de revenus. Nous avons pu constater que les plus grands de ses enfants dormaient dans une case à moitié effondrée, ce qui était de mauvais augure puisque l’hivernage, saison des pluies, se rapproche. Dans le cadre de notre soutien aux plus nécessiteux, la décision a été prise de financer la construction d’une case neuve pour ses enfants mais aussi de prendre en charge la scolarité de l’un de ses fils âgé de 7 ans environ à la rentrée prochaine, lequel n’est toujours pas scolarisé faute de moyens. L’un de ses frères, âgé de 13 ans, se loue pour garder les troupeaux et permettre à la famille de subsister.
Puis, dans le cadre d’un partenariat que nous avons avec une association de médecins toulousains, nous avons visité le dispensaire de Ndiémane. L’infirmier chef de poste a ciblé les besoins les plus urgents parmi lesquels l’amélioration du système d’électrification solaire du poste et la création de deux cases, l’une pour lui et l’autre pour la sage-femme. A ce jour, aucune structure n’est prévue et ils logent chez l’habitant. Lorsqu’ils sont appelés pour une urgence, la nuit en particulier, ils doivent parcourir la distance pour aller au dispensaire et perdent ainsi un temps précieux. Ndiémane est un village très enclavé, coupé du monde lors de l’hivernage, et présentant le plus fort taux de paludisme du Sénégal.
Pour cette visite, nous étions accompagnés de Maguèye Ndao, élu et représentant la Mairie de Nguéniène dont dépend Ndiémane.
Dès le lendemain, nous avons rencontré l’entreprise en mesure de réaliser cette extension d’électrification et avons signé et financé ce projet. En une semaine, les travaux étaient terminés. Dorénavant, le dispensaire a la capacité de pouvoir faire tourner chacun des trois ventilateurs 8 heures par jour, mais aussi un ventilateur la nuit uniquement dans la salle d’accouchement, d’avoir de la lumière toute la nuit, de recharger les téléphones des soignants et l’ordinateur portable du chef de poste.
Nous avons également rencontré le médecin chef, qui est une dame, responsable de tout le secteur hospitalier dépendant de JOAL (hôpital, postes de santé et cases santé). Nous l’avons informée de cette amélioration que nous avions déjà initiée et avons requis son expérience et son aval sur les priorités à traiter. Elle a validé la construction des deux cases pour les soignants dans ce dispensaire, auxquelles nous avons adjoint un coin toilettes, un coin douche et un coin cuisine. Dès validation par notre Bureau des derniers détails du devis, les travaux pourront commencer et être normalement terminés avant l’hivernage pour le bien-être des soignants et au profit des populations qui bénéficieront de leurs soins.
Dans le même registre, nous avons initié une rencontre entre l’infirmier chef de poste du dispensaire de Nguéniène, le Président du Comité de santé, le médecin qui nous accompagnait et notre représentant local. Nous avons fait un point précis des besoins, vu sur place l’implantation des éventuelles extensions de bâtiments, répertorié le matériel médical nécessaire. Le médecin chef doit nous transmettre des plans et un devis. Dès réception, nous étudierons la faisabilité de ce projet.
L’un des médecins, membre de l’association toulousaine, a partagé une partie de notre séjour. Outre son rôle de conseil avisé dans les différents projets concernant les dispensaires, il est également allé à la rencontre de sa filleule et a participé à toutes nos actions. Il a ainsi pu découvrir le quotidien des bénévoles sur le terrain. Pour quelques heures, nous avons vécu un moment privilégié avec les élèves de Foua-Loul, qui nous ont offert chants et danses, et partagé leur repas quotidien.
En novembre dernier, nous avions financé la construction d’une classe dans le village très retiré de Diolofira . Début janvier, les travaux étaient terminés. C’est donc avec surprise que nous avons appris que la classe était toujours jalousement fermée et que notre arrivée était attendue afin que nous remettions officiellement les clés au Directeur lors d’une cérémonie organisée par les villageois. Telle est la coutume ! Faute de temps, nous avons demandé à ce que la fête soit reportée à novembre prochain mais à ce que la classe soit ouverte aux jeunes bénéficiaires. Sur place, les élèves ne se sont pas fait prier pour organiser le déménagement au pied levé et ont investi les lieux dans la foulée. Les clés ont ainsi pu être solennellement remises au Directeur de l’école enchanté. Rendez-vous en novembre pour la fête.
Les femmes du quartier de Ndounème nous attendaient avec impatience. Elles voulaient nous faire part de leur grand contentement relatif à l’électrification solaire des places à palabres de leur quartier. Comme convenu, nous avons également financé le quatrième et dernier lampadaire solaire pour ce secteur. Les travaux ont pu commencer tout de suite et sont maintenant terminés. Ce candélabre, comme le précédent, est équipé d’un interrupteur permettant d’arrêter le projecteur, et ainsi d’économiser la durée de vie de la batterie, et d’un chargeur de téléphone, à la grande satisfaction des bénéficiaires.
Elles ont profité de notre venue pour nous rembourser le micro crédit que nous leur avions consenti en novembre et que nous leur avons prêté à nouveau afin qu’elles puissent continuer leur petit commerce.
Puis, ce sont les femmes du quartier Keur Diomaye qui nous ont accueillis. Elles nous attendaient pour fêter ensemble le deuxième anniversaire de l’électrification de leur quartier. Pour l’occasion, chacune d’elles arborait une nouvelle tenue, mais toutes étaient taillées dans la même étoffe. Elles nous sont d’ailleurs offert deux coupons de ce même très beau tissu en plus des arachides grillées et de leur nougat maison. Un pur délice !
Elles nous ont ensuite expliqué l’utilisation qu’elles ont fait du micro crédit que nous leur avions aussi accordé en novembre, des bénéfices qu’elles en ont tiré et nous ont sollicités afin que nous leur prêtions à nouveau la somme puisque l’attribution se fait à tour de rôle. Les hommes ont ensuite pris la parole et nous ont remerciés d’aider leurs épouses à faire vivre décemment leur famille alors qu’ils n’en ont pas eux-mêmes la possibilité.
Tout s’est terminé par des chants et des danses traditionnelles en notre honneur et celui de FLORENT.
Nous sommes ensuite allés jusqu’au village de Léona à la rencontre du troisième groupement de femmes. Elles aussi étaient très satisfaites car, suite à nos multiples interventions, le moulin à mil qui était en réparation à Thiès depuis des mois leur avait enfin été rendu et fonctionnait à plein régime depuis quelques semaines. De fait, les revenus ont recommencé à rentrer et elles ont pu reprendre le remboursement du micro crédit que nous leur avions consenti pour l’achat du moulin à mil, remboursement qui était suspendu depuis plusieurs mois faute de machine. Elles nous ont avoué avoir été honteuses d’être dans l’impossibilité d’honorer leur engagement et se sont empressées de nous rembourser plus que prévu. Leurs chaleureux remerciements ont salué notre patience et notre compréhension.
Ce groupement aussi a remboursé le micro crédit « petit commerce » que nous lui octroyons depuis des années et que nous renouvelons régulièrement.
Dernier projet pour lequel nous avons été sollicités lors de notre voyage ; la construction d’une classe dans le lycée neuf mais déjà complètement saturé de Nguéniène. En compagnie du comité de gestion, nous avons visité les installations existantes et débattu de l’endroit où pourrait être implantée la nouvelle classe. Par ailleurs, et avant tout engagement, nous avons sollicité de la Mairie la plantation de dix arbres dans la cour afin que les élèves puissent, à terme, profiter d’un minimum d’ombre lors des pauses. Nous sommes dans l’attente de la réponse.
Entre chacune de ces réunions, nous avons offert 5 sacs de riz au Centre des Handicapés de Nguéniène, continué à livrer sacs de riz et provisions chez les filleuls dont les parrains nous l’avaient demandé ainsi qu’aux plus nécessiteux. Ce sont donc au total 62 sacs, soit 3.1 tonnes, que nous avons personnellement livrés. Deux adolescentes ont même reçu une biquette de la part de leurs marraines.
Puis nous avons été peindre le 21ème puits dans le quartier Khew Keurtien de Nguéniène aux couleurs de la société SOREFRI de CUGNAUX qui en a financé le forage.
Et pour terminer, nous avons discuté les devis de nos projets à venir avec les différents corps de métier. Nos façons de penser et de fonctionner sont totalement différentes et établir un devis dans ces conditions est un exercice nécessaire mais très fatigant.
Cette fois encore, nous sommes rentrés exténués mais satisfaits d’avoir pu mener à bien tous nos projets en si peu de temps.