Du vent, de la poussière, encore du vent et toujours de la poussière. Tels ont été les ingrédients de notre voyage d’avril dernier. Un vrai cauchemar !
Par ailleurs, mis à part les filleuls dont les parrains nous avaient confié des fonds pour leur acheter des sacs de riz, nous avons vu très peu d’enfants, hormis ceux qui nous rencontrions au gré de nos pérégrinations, car les écoles étaient fermées la première semaine en raison des vacances de Pâques.
Comme nous vous en avons déjà fait part dans notre compte-rendu du voyage de novembre 2014, l’hivernage dernier ayant été catastrophique, la famine guette et beaucoup de familles sont vraiment démunies. Elles manquent de tout et surtout de l’essentiel : de quoi se nourrir.
En témoigne cette « anecdote ». Nous avons été invités un soir dans une famille que nous connaissons bien et… la maîtresse de maison était affairée à préparer le repas pour nous et pour sa « tribu ». De fait, elle n’était pas à table avec nous et refusait notre concours. Alors, pour lui apporter une aide déguisée, j’ai décidé de servir les membres de sa famille qui mangeaient un peu plus loin, assis par terre autour d’un bol, comme il est de coutume là-bas.
Notre repas était riche et abondant ; frites maison en entrée, poulet sauce moutarde, pâtes et haricots sautés à l’ail. Seuls les haricots verts avaient été préparés pour tout le monde. Et c’est le bol (grand plat rond d’environ 50 cm de diamètre) de haricots sur la tête (tenu fermement avec mes deux mains) que j’ai servi aux membres de la famille qui étaient déjà en train de manger. De manger quoi ? De la semoule de mil mouillée à l’eau. Ni plus, ni moins ! Tel était leur repas que sont venus agrémenter quelques haricots verts. Quel choc !
Cette famille modeste avait mis les petits plats dans les grands pour nous honorer comme des princes, alors qu’eux-mêmes n’avaient que de la semoule à l’eau pour toute pitance !
Nous avons donc passé une grande partie de notre séjour à livrer des sacs de riz : 43 sacs à 41 familles, assortis d’un peu d’huile, de sucre, de tomate, de savon, selon les fonds qui nous étaient confiés par les parrains. Il faut savoir qu’un sac de riz de 50 kg permet à une famille de se nourrir pendant environ 1 mois. C’est énorme ! Les yeux brillent lorsque notre voiture s’arrête devant les concessions. Une maman nous a dit : « c’est Dieu qui vous envoie. Nous n’avions absolument plus rien et je ne savais pas ce que j’allais donner à manger à mes enfants ce matin. J’ai demandé au Bon Dieu de m’aider et vous voilà ». Pour la petite histoire, il s’agissait d’une famille que nous ne connaissions pas, qui nous a été désignée comme nécessiteuse par une grand-mère du village et que nous sommes partis visiter au pied levé.
Comme à l’accoutumée, nous avons également doté le centre des handicapés du village de 5 sacs de 50 kg de riz qu’ils se partagent équitablement.
Accompagnés de Maguèye NDAO, ancien Président de la Communauté Rurale, aujourd’hui membre du nouveau Conseil Municipal, nous avons été à la rencontre des habitants du village de NDIEMANE BALLAKHALI auxquels nous avons remis les fonds nécessaires au forage du 20ème puits de l’association que nous irons inaugurer en novembre prochain.
Nous avons également financé la seconde tranche de l’équipement en candélabres solaires du quartier NDOUNEME de NGUENIENE. La place à palabres est illuminée comme en plein jour dès la tombée de la nuit et les habitants sont ravis.
Dès notre arrivée, nous avons sollicité l’entreprise auprès de laquelle nous avions acheté le moulin à mil pour les femmes de LEONA en 2012, lequel était en panne depuis quelques mois sans que rien ne bouge. Nous avons donc pris les choses en main et en moins d’une semaine, il tournait à nouveau à plein régime.
Comme tous les ans à même époque, nous avons acheté les sacs à dos et les trousses (inclus dans le parrainage des élèves du collège), soit 90 pièces de chaque. Le marchandage dure des heures. C’est véritablement épuisant !
Le 10 avril, les habitants du quartier KEUR DIOMAYE de NGUENIENE nous ont invités et ont organisé une fête en notre honneur afin de célébrer le premier anniversaire de l’arrivée de la lumière dans leur quartier.
Nous avons été gratifiés de chants, de danses et de cadeaux (arachides et bissap).
Il nous a été donné l’occasion, pour la seconde fois, d’assister à un spectacle de lutte traditionnelle. L’ambiance, le spectacle, les bruits, les odeurs, tout est surprenant. Nous étions les invités d’honneur et avons dû faire le tour de l’arène avec les personnalités politiques. Cerise sur le gâteau : notre Trésorier s’est fait surprendre, et entreprendre, et a dû poser pour la télévision nationale sénégalaise pendant que, dissimulées derrière quelques-uns, nous lui faisions des grimaces…
En deuxième partie de séjour, nous sommes allés au Jardin d’enfants régler les parrainages des nouveaux filleuls que nous avons intégrés depuis novembre dernier suite à l’arrivée au sein de l’association de nouveaux parrains.
Nous avons également versé les soldes des parrainages à Ste Bernadette et à Foua-Loul.
UNE MARRAINE AU PAYS DE LA TERANGA !
Le clou de ce séjour a été la participation d’une adhérente qui parraine un enfant, Ernest, depuis plus de 4 ans et qui venait pour le rencontrer.
L’enfant et sa famille n’étaient pas prévenus et nous comptions ainsi, comme à chaque fois que cela est possible, sur la spontanéité de la rencontre et des échanges, tout en prenant le risque que l’enfant soit absent à notre arrivée. Cela n’était pas le cas.
L’expérience a été riche en émotions, de part et d’autre. L’un comme l’autre ne s’étaient pas vus au milieu de toutes les personnes présentes. A la demande de la marraine : « mais où est Ernest ? », le garçon a penché la tête et ils se sont reconnus (grâce aux échanges de photos) immédiatement. Le moment a été intense. La famille et l’enfant, bien qu’un peu intimidés, ont accueilli la marraine à bras ouverts et lui ont fait découvrir leur quotidien : l’unique jeu de cet enfant de 11 ans, une console pour bébé sans pile, les devoirs écrits à la craie sur le seul mur à peu près lisse dans la case de son père, le matelas de paille qu’il partage avec son frère et sa tante adulte, le brise-vue totalement éventré qui sert de coin toilette et… cette richesse intérieure, ces sourires, ces rires, ces danses.
A la demande de la généreuse marraine, nous y sommes revenus quelques jours plus tard, toujours par surprise, et elle lui a offert un matelas en mousse bien épais qu’Ernest et son frère ont accueilli avec beaucoup de pudeur et la tante avec de grands cris de joie et de vraies roulades (sur le matelas) !
Et pour clôturer son séjour en beauté, Hélène a exprimé le désir de parrainer un second filleul. Nous sommes donc allés demander conseil à l’institutrice du Jardin d’enfants et elle nous a soumis le nom d’une fillette du village et nous a indiqué où elle demeurait. Et c’est, toujours par surprise, que nous sommes arrivés dans sa famille. La maman et la tante, présentes, ont été heureusement surprises et ont remercié Hélène avec les mots du cœur, ceux qui viennent spontanément. Cela a été d’autant plus agréable que ces deux femmes s’exprimaient en français et au-delà du gestuel, des yeux qui brillent, il y a eu les paroles, les embrassades et les échanges de cadeaux.
Tout le monde était content et avait les yeux plein d’étoiles…